Tout apiculteur souhaite voir la majorité de ses ruches débordantes de vie : c’est très utile de sélectionner des souches à la fois douces, productives, fécondes et bonnes nettoyeuses. On fera
des essaims ou de l’élevage de reines à partir des meilleures colonies, qui réuniront si possible toutes ces qualités, transmissibles par voie génétique.
Maintenant, si c’est facile de compter le nombre de piqures, les kilos de miel et de pollen récoltés, le nombre de cadre de couvains occupés par la reine, la capacité à nettoyer parait plus subjectif à définir.
Les jeunes abeilles consacrent leurs trois premiers jours au nettoyage des alvéoles et des ruelles : elles éliminent les restes de cocons, larves mycosées et autres déchets de toute sorte en les jetant dehors. Elles boutent dehors les larves de fausses-teignes, ces petits papillons de nuit goulus de vieille cire et de pollen, qui profiteront de la faiblesse d’une colonie pour s’installer.
La grande fausse-teigne, avec ses gros cocons s’installant jusque dans le bois des cadres, fait des gros dégâts bien visibles.
Sa petite sœur est plus discrète, mais plus « fourbe » : elle creuse ses galeries sous le couvain, restant hors de portée des ouvrières qui ne les ont pas détecté assez tôt. Les larves d’abeilles ainsi surélevées ne pourront pas être operculées : on observe alors le « couvain chauve » ou tubulaire.
Les fausses-teignes ne sont pas pour autant des prédateurs de l’abeille : juste des opportunistes, qui provoquent la disparition des colonies trop faibles ou ne présentant pas de qualités hygiéniques… Comme les requins, ces nettoyeurs du lagon qui maintiennent la bonne santé des tombants… Tout est lié, j’vous dit !!!
Alors nous voilà à faire de p’tits trous dans le couvain pour voir ce que nos avettes vont en faire… Hnanë est bien concentré pour percer 50 larves operculés, à l’aide d’une barrette alignant 10 clous.
On repère soigneusement le cadre, pour aller droit au but 24 h après et compter les alvéoles débarrassées de leur cadavre.
Et ça donne quoi ???
Certaines souches rebouchent simplement les pitis trous, ni vu ni connu j’t’embrouille… La technique de la poussière sous le tapis…
Ce n’est pas possible, on n’a pas dû bien tuer les larves !!!
Après vérification : si si, elles sont de couleur trop bizarre pour être honnêtes !!
D’autres colonies s’appliquent à vider consciencieusement les alvéoles saccagées par nos clous indélicats : du bon boulot les filles !!
J’ai observé aussi que les colonies mauvaises nettoyeuses avait un couvain dit « en mosaïque », comme si la reine pondait moins bien, était en bout de course. Dans tous les cas, une reine jeune mettrait un peu de vigueur dans ces quartiers-là...
A noter que la technique "officielle" consiste à congeler un losange découpé dans le couvain fermé, et à la remettre en place pour l'observer 24 heures plus tard. On peut aussi congeler à l'azote liquide... Ici, c'est sûrement moins précis mais c'est un peu plus simple et ça évite une visite traumatisante supplémentaire, dont les fifilles se passeraient bien ! C'est vrai, quoi, à la fin...
Outre la capacité à nettoyer, il y a un autre comportement hygiénique qui est utile à sélectionner, surtout dans les contrées où le varroa sévit (c’est à dire, presque partout ! Sauf ici pour l’instant…), c’est la capacité à épouiller… Le cadre-témoin offre souvent l’occasion de voir des abeilles écarter les ailes et inviter une frangine à venir lui faire des papouilles, là où ses propres pattes n’ont pas accès… C’est touchant de sollicitude, et c’est bon pour la santé !!
Longue vie aux abeilles… nettoyeuses et nettoyées !!!