Voilà, c’est parti, un vrombissement régulier vous a tiré le nez dehors, et vous voilà à jouir d’un spectacle inoubliable : la grande joie des avettes qui décollent pour fonder une famille ailleurs…
Facile de repérer quelle ruche est la source de l’hémorragie ! Sa planche d’envol est à sens unique.
Au cadre-témoin, on aurait vu que ça s’affole derrière, si la mise au point n’avait pas été faite sur le reflet du jardin !
On surveille le trafic, et en 10 minutes, le nuage sonore s’est calmé et concentré en une grappe à portée de main, une dizaine de mètres à tout casser. Elles aiment beaucoup ce tronc de cocotier, par exemple (et le coin du toit aussi). SI on laisse faire, elles y restent 2-3 heures à 2-3 jours, le temps de laisser les éclaireuses apporter la bonne nouvelle d’une prochaine destination, définitive cette fois-ci !
Alors c’est parti pour les enfumer un poil, histoire de les prévenir (tout en leur demandant si leur programme pourrait comprendre un nouveau logement sur place, plutôt qu’un dessous de falaise mal protégé ! Enfin, c’est elles qui voient, hein !)
Coupons cette branchette de Noni qui plie sous le poids d’une partie de la nouvelle famille !
Et approchons-là au-dessus d’une ruche équipée de ses cadres avec cire gaufrée, d’une caisse vide pour canaliser et d’une grille à reine pour repérer cette dernière,
Un petit coup sec et tout le monde descends !
Le reste de l’essaim est patiemment balayé dans un petit carton et transféré sur la grille,
jusqu’à ce que le gros de l’essaim aie changé de localisation !
La ruche est le plus près possible du tronc d’ailleurs, pour que les frangines retrouvent le troupeau.
En voilà quelques unes qui « battent le rappel » : bien campées sur leurs pattes, le dernier segment de l’abdomen ouvert pour lâcher les effluves de la glandes de Nasarov, les ailes
ventilantes pour diffuser ces phéromones, elles guident de leur odeur les glandues myopes qui n’ont pas encore tout compris…
Signe que la reine est sûrement dans le paquet !
Bon, il va falloir les aider, « dispersez-vous ! » à coup de fumée, ça sent peut-être encore la reine par là, mais elle n’y est plus les filles !
C’est fou ce qu’elles sont douces pendant un essaimage ! Pour le plus grand bonheur de cet amateur de miel, qui n’a pas gardé le voile très longtemps !
Portrait de famille…
Alors à force de fouiner dans la grappe (et ce n’est pas sale !), nous trouvons cette jeune reine noire, que nous nous empressons d’encager pour « fixer » l’essaim autour de leur reine,
et leur faire adopter plus sûrement leur nouveau logis. En principe, on place la cage entre deux cadres et on libère la mère le lendemain.
En principe aussi, les abeilles se précipitent autour de leur génitrice afin de la nourrir à travers la cage. Euh, c’est pas vraiment le cas ici…
Et je comprends mieux 5 minutes plus tard, en voyant une vieille reine et sa cour rentrer par la porte principale dans son royaume ! OK, je libère la jeune alors…
Ne reste plus qu’à retirer la grille et la caisse, en secouant doucement les avettes à l’intérieur. Un couvre-cadre est laissé entrouvert, histoire de laisser le gros de la grappe pénétrer dans leurs agapes, par la porte de service…
ce qui est encouragé avec un peu de fumée !
Un essaim récupéré de cette manière construit très vite les rayons : parfois on pose la hausse la semaine qui suit ! Champagne pour la pendaison de crémaillère !! Les abeilles d’essaimage ont une vigueur étonnante, c’est vraiment un joli spectacle…