Salut !
En observant les visites sur le blog, j’ai remarqué que les pages les plus vues concernent le cadre-témoin et le pollen frais. Un trafic particulier vient du forum sur la ruche Warré, concernant l’utilité du cadre-témoin.
Voici donc comment construire la fameuse petite fenêtre, pour répondre à Djass, ainsi qu’un bilan après quelques mois d’utilisation de cette méthode ingénieuse…
Pour que tous les cadre-témoins aient la même taille, voici un gabarit de découpe. C’est un rectangle de 140 sur 265 mm, avec deux excroissances de 10 sur 15 en haut pour placer la latte avec
l’amorce de cire.
Je perce avec une mêche de 10.
Cela permet la découpe à la scie sauteuse.
Une finition à la rape et la meuleuse, équipée de son disque à poncer ;
J’ajuste les « gonds à visser », de 25 sur 2,5 de diamètre. Les deux en haut doivent pouvoir tourner à la main, pour enlever le plexi au besoin. Ce dernier est découpé aux côtes suivantes : 160 sur 320 mm.
Pour la porte, je coupe dans du contre-plaqué de 9 mm un rectangle de 210 sur 380 mm, avec de quoi faire un cadre de 15 mm de large pour permettre une bonne isolation thermique comme lumineuse.
J’agrafe l’isolant, du plastique à bulles aluminisé.
Je découpe deux rectangles de la même épaisseur que la porte (20 mm environs) pour fixer les petites charnières : les rectangles seront vissés sur le corps de ruche.
Une fois fixé à la bonne position, je peins le bois et protège le tout avec de la bâche blanche, agrafée sur le dessus de la caisse pour éviter les entrées d’eau.
La latte ou cadron est faite d’un morceau de tasseau, de 285 de long sur 10 d’épaisseur, avec une fente dans laquelle je glisse un morceau de cire gauffrée fixée à la cire fondue. Je ne fixais pas au début, et les languettes ramollissaient à la température de la ruche et tombaient rapidement.
La latte doit pouvoir se mettre facilement en place, pour pouvoir s’enlever à l’aide du lève-cadre par exemple malgré la propolisation.
La porte est plaquée contre la ruche avec un petit sandow, accroché à deux vis latérale (les grosses punaises installées au début n’ont pas fait long feu, ce qui a permis l’envoi de quelques missiles imprévus !)
Voilà ce que ça donne la fenêtre ouverte.
Je colle dans la porte une étiquette pour noter les observations (cf le bilan plus bas pour la traduction !)
La charnière vue par le dessous ;
La fixation du sandow ;
Et la version light de la porte, quand je n’ai pas le temps de construire !! Juste la bache et l’isolant, agrafés ensembles et punaisés au corps de ruche. Vite fait mal fait, car les punaises se
plient facilement (c’est du bon bois, les ruches « Th…s » !)
Et voici aussi un bilan des 6 mois d’utilisation du CT : (repris du forum sur la ruche Warré et complété)
Les moins :
-ça prends du temps à construire (et ça coûte un poil : plexi, quincaillerie, isolation)
-le système "oblige" à ne pas rater la visite hebdomadaire, et si possible de la faire pour toutes les ruches d'un même rucher, voire tous les ruchers, afin de permettre les comparaisons. J'ai
par exemple rater la prévention de 7 essaimages en supprimant une visite et en m'absentant la semaine qui suit : dans ce cas le cadre-témoin ne m'a pas été utile...
Les plus :
-beaucoup moins d'ouvertures du corps de ruche, donc de dérangements, et donc de consommation de miel, ce qui optimise les récoltes ;
-prévention des essaimages : tout travail s'arrête au CT la semaine voire 10-15 jours avant. Cela nécessite de noter les observations hebdomadaires, en collant une étiquette sur laquelle je note
ce que j'y vois (par exemple T80 M30 0p10 Oe50, ce qui veut dire "tissé à 80%, avec 30% de miel (dont 10% operculé) et 50% d'œufs". Cela se fait vite fait, et comme ça d'une semaine à l'autre on
voit facilement l'évolution ;
-nombreuses observations complémentaires à celles faites au trou de vol. Des fois, il n'y a pas beaucoup d'activité devant, alors que ça s'active derrière !
-observation des comportements des abeilles comme jamais on ne le voit après le passage de l'enfumoir ! les abeilles ne vivent pas la têtes dans les alvéoles, elles font leurs danses, étalent la
propolis, s'épouillent, etc... Rien que pour ça, j'y passerais des heures ! Quel plaisir de filmer une reine inspecter les alvéoles et pondre, à 3 cm de son objectif !
-intérêt pédagogique évident, qui permet aux visiteurs béotiens de dépasser vite la peur de la piqure, captivés par ce qu'ils y voient !
-ça donne du travail aux cirières même quand c'est bien plein dedans : petit retard au déclenchement de la fièvre d'essaimage ???
-ça donne de la belle cire bien blanche pour alimenter le cérificateur ;
-je ne fais pas encore d'élevage, mais j'ai bien pensé faire des nucléi compatibles avec les cadres-témoins pour fournir en œufs régulièrement ;
-ça donne une idée des miellées en cours (tout est construit et rempli en moins d'une semaine) ou des périodes creuses (seules les ruches très fortes construisent encore un peu) ;
-pour ceux qui en ont besoin, d’après Vanhée, ça peut être utile pour détecter le varroa et lutter contre, en coupant la cire tous les 15 jours, pour laisser les cellules de faux-bourdons
se faire operculer, avec les varroas dedans.
A noter que pendant le premier mois, les abeilles ont boudé la petite fenêtre derrière. Il est conseillé de bien isolé le plexi pour que les abeilles viennent y travailler. Puis un beau jour, ça
a commencer à tisser sur 4 ou 5 ruches, et c'est parti !
Pour les amateurs de photos, le verre est peut-être plus utile que le plexi, car plus facilement nettoyable...
Ce système a été inventé par Paschke, ingénieur allemand dans les années 30, alors qu’il n’avait qu’un morceau de wikende pour s’occuper d’une soixantaine de ruches.
Ses détracteurs lui reprochaient que couper la cire avec des larves dedans, c’était du boulot d’abeilles gâché bêtement. Sa réponse, via Vanhée, est ici.
Pour finir, c’est un système de gestion du rucher très différent de ce qu’on apprends en école d’apiculture, qui nécessite une remise en cause de ses réflexes d’intervention. Même si c'est la
raison même de son utilité, ce n’est peut-être pas indiqué aux débutants, mais peut-être je me trompe…
Enfin, j'ai beaucoup apprécier la conduite apicole en synergie avec l'abeille, document de Jan Kuppens sur le site du CARI, où l'on voit combien la petite fenêtre peut être utile pour certaines conduites du rucher... Passionnant !
Voilà, au plaisir !